Les premiers verriers de Bohême sont apparus au XIIIe siècle, dans les forêts encore vierges des monts Metaliferi et en Lusace, dans le massif occidental des Géants et sur les collines d'Orlice. Les verreries des forêts de Bohême prirent de l'importance au XVIIe siècle, lorsque la qualité des produits augmenta considérablement grâce à l'apport d'artisans bavarois, autrichiens, français et surtout italiens. Les verriers de Bohême voulaient imiter le verre vénitien, mais leur masse fondue était trop dense et avait une plage de plasticité réduite en raison de la composition sel-potassium. Dans leur désir d'améliorer la qualité des bouteilles produites, les verriers de Bohême découvrent, à travers de nombreuses expérimentations, la formule de composition silico-potassium-calcium, par ajout d'oxyde de calcium. Grâce à cette recette, on obtenait le verre le plus dur connu à l'époque, ce qui permettait de le graver et de le tailler profondément, comme un cristal de roche. Il s'agissait d'un processus progressif, mutuel et indépendant de perfectionnement du matériau. Le cristal de Bohême devient très recherché et déclenche une véritable mode dans tous les centres d'Europe.
Bautemps, que J. Barrelet considérait comme « l'un des techniciens verriers les plus remarquables du XIXe siècle », a transmis, dans un de ses écrits, la composition du verre de Bohême, telle qu'appliquée par les verriers français qui travaillaient « à la façon de Bohême » : sable quartos concassé et broyé... 100 parties, carbonate de potassium... 38 - 42 parties, chaux éteinte... 18 parties, nitrate de potassium… 1,25 parties, arsenic… 0,75 parties.
Le développement sans précédent de la verrerie en Bohême a été possible grâce à la capacité des artistes locaux à répondre aux exigences les plus exigeantes en matière de forme et de décoration, subordonnant leurs propres idées, inspiration et créativité aux souhaits des clients.
Expérimentateur de génie, Friederich Egermann (1777 – 1864) enrichit considérablement l’art du verre grâce à de nombreuses inventions dans le domaine des technologies et des techniques de décoration. Il adapte au verre l'art de la peinture sur émail sur porcelaine, qu'il a appris à Meissen. Il est à l'origine de l'introduction des brosses en crin doux, qui ont contribué à l'obtention de décors raffinés, « style Meissen ». Parmi les inventions d'Egermann figurent l'émail rouge, pour lequel il a accordé l'exclusivité à la société "Vogelsang und Müler" de Francfort-sur-le-Main, le verre lithyaline et hyalite (qui imitait la malachite, la cornaline ou l'agate), l'application d'une goutte de verre coloré (en général , jaune) sur la surface d'une pièce incolore, en la polissant et en la gravant et bien plus encore. Les inventions d'Egermann sont encore utilisées avec succès aujourd'hui. En 1842, 200 verriers travaillaient dans ses ateliers, décorant entre 136 et 170 tonnes de verre par an.
La pièce Egermann appartenant au Musée national Peles, à savoir la "coupe de fiançailles", présente une inscription-dédicace en allemand, en cristal, sur une base polylobée, avec un pied court facetté, un corps bulbeux à huit facettes pentagonales sur le sur la partie supérieure, sur laquelle ont été appliquées des gouttes de verre jaune, qui, après fusion avec le verre de base et polissage, ont été gravées de symboles d'amour, de paix et de santé.